• Bird.

     

    Sous l'enseigne au néon bleu d'un motel, dans les ruelles du vieux port de Gênes, Luigi. 

    Il ne jouait que la musique de Charlie Parker.

    Les marins américains, qui se traînaient souvent dans le quartier, l'avaient surnommé "Bird".

    Luigi, était désormais "Bird". Le battement du coeur, des nuits du vieux port.

    Une vie marginale la sienne. 

    Il avait navigué sur les navires pétroliers. Toujours en mer. D'un port à l'autre, autour du monde.

    Son saxophone, sa casquette de baseball, et le mythe de Charlie Parker, ne le quittaient jamais.

    Il avait fait le porteur au quai 18. Fatigue du vivre.

    Il avait fait le contrebandier de cigarettes. Il fallait s'arranger.

     Gagner la liberté de jouer son saxophone, la musique de Charlie Parker.

    Il jouait la nuit dans les boites. Dans les bistrots. Au coins des rues.

    Qui, ne connaissait pas "Bird"?

    C'est là, dans cet univers de vies perdues, de joueurs de hasard, de marins, de prostituées, qu'il connait Carmen. Danseuse espagnole aux grands yeux noirs.

    Un amour foudroyant. Il se perd dans ses regards. Dans ses danses, Dans son corps.

    Carmen. L'amour. Son dernier port, à l'abri des tempêtes de la vie.

    Son saxophone s'enivre. Il ne jouera plus que pour elle. Elle ne dansera que pour lui.

     

    Mais un jour, le ciel était gris, Carmen se volatilise. Quelqu'un, dit-on,  l'a vue s'éloigner furtivement, souriante, une valise à la main, avec un jeune marin portugais.

    Le saxophone de "Bird" s'éteint.

    Personne ne l'a jamais plus vu.

    On dit que l'ombre d'un homme, avec un étui de saxophone et une casquette bleue, se traîne, certaines nuits, dans les brumes des quais déserts.

    Dans les ruelles du port, quand le soleil laisse sa place au noir, la musique de "Bird", flotte dans la brise.

    Une vie perdue. La vie qui continue.  

     

    Ballade. Charlie Parker. 

    Francesco© Photo. Texte.

    Bird.

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  • Page d'écume.

     

    Là-bas, les coquilles étaient des mots précieux à cacher au fond de mes poches.

    Et la mer d'un vert phosphorescent qui grésillait...

    Là-bas, la sciure de bois avait l'odeur des mains de mon grand-père.

    Et la mer qui roulait les galets...

    Là-bas, les poissons à peine pêchés. Le bourdonnement des abeilles autour des buissons de lavande.

    Et la mer qui n'avait pas de limites...

    Là-bas, le vent du désert. La sieste détestée de l'après-midi. Le violet des bougainvilliers.

    Et la mer qui rugissait. Flux et reflux...

    Là-bas, les fourmis noires à la file, sur la chaux blanche, brûlante de soleil, m'hypnotisaient.

    Et la mer qui m' éblouissait...

    Là-bas, à l'ombre du grand eucalyptus, les yeux noirs de Jaira, me faisaient rêver l'univers.

    Et la mer qui cachait ses étoiles...

    Là-bas, des échos de révolution. Des drapeaux rouge et blanc qui éclataient dans le ciel bleu.

    Et la mer qui se réfléchissait dans le ciel...

    Là-bas, j'ai laissé l'enfant que j'étais. Mes amis. Mes premières amours. Mon chien. Mes chats..

    Et la mer qui buvait le soleil... 

    Là-bas, mon âme, mon corps, se sont imbibés de lumière, de couleurs, d'odeurs et de traces indélébiles.

    Et la mer qui racontait ses mythes éternels... 

     

    "Là-bas" est encore là.

    Dans mes mots. Dans mes peintures. Dans mes dessins.

    Enraciné en moi.

    Et la mer est encore profonde...

     

     Com'è profondo il mare. Lucio Dalla.

    Francesco© Photo. Texte.

    La-bas.

     

    19 mars 2015

    J'exprime toute ma solidarité à la Tunisie démocratique et à toutes les victimes innocentes de la folie humaine.

    Là-bas.

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  • Symbiose socratique.

     

    Les feuillages des oliviers se pavanent dans la lumière bruyante d'un éventail de vert.

    Les silences se cachent dans les ombres épaisses des végétations.

    Histoires d'hommes et de femmes, de terre et de mer, de contrebandiers, de marins et de paysans,

    se croisent à l'abri des maisons en pierre, des nids de soleil. 

    Gravitation légère. Brise de l'ouest. Écho de la méditerranée. Chants de sirènes.

     L'air est parfumé de genévrier, de myrte et de thym. 

     

    Une tranche de pain à peine grillée.

    La pulpe rouge et sensuelle d'une tomate mure et encore chaude de soleil.

    Deux anchois argentées, voilées d'une pincée de sel.

    Un filet vert-or d'huile d'olive.

    Une feuille de basilic.

    Un verre de "Rossese". 

     

    Volupté de couleurs. De saveurs. De parfums. De lumière.

    Paysage de pain, de sel, d'huile et de vin.

    Symbiose socratique.  

     

     Creuza de ma. Fabrizio De André.

    Francesco© Texte. Photo.

    Symbiose socratique.

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  • "Trofie".

     

    "…Ail. Basilic. Pecorino romain. Parmesan. Pignons de pin. Huile d'olive vierge extra. Gros sel…"

    "…ne pas laver le basilic… le nettoyer, sans le laver…" "…les pâtes? des "trofie", biensur…"

    Giovanna est fière de sa recette. Son "pesto", est encore celui de sa mère, et de sa grand-mère.

     

    Chez Giuliana, la maison juste à coté, les calamars farcis, marmonnent sur la flamme bleu de la cuisinière.

    Le plat préféré d'Emma, sa fille, qui sera bientôt là. 

     

    Des bateaux sont encore à l'abri des tempêtes de l'hiver. Comme des enfants à protéger.

    Mars. L'air est encore froid.

    A la poissonnerie du coin, sardines, oursins, huitres.

     

    Parfum de mimosa. De genêts. De citrons, qui ont coloré l'hiver.

    Une fenêtre qui bâille au premier étage. Une chanson italienne à la radio.

     

    Juste au-delà des maisons blanches, la-bas, au fond de la ruelle, la mer.

    La lumière est bleutée. 

    Le ciel est humide, mais Antonio, qui bavarde avec Piero chez le coiffeur, prévoit le mistral pour demain.

    Le vent essuiera la mer, qui éblouira les regards, avec ses écailles d'argent. 

     

     

    Una giornata al mare. Paolo Conte. 

    Francesco© Texte. Photo.

    "Trofie".

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  • Femmes.

     

    Votre force.

    Votre intelligence.

    Votre sensibilité.

    Vos souffrances. 

    Votre détermination.

    Votre indulgence.

    Votre lumière.

    Vos  luttes.

    Votre amour.

    Votre joie.

    Votre courage.

    Votre regard.

    Vos rêves.

    Nous sauveront.

     

    Merci. A toutes les femmes.

     

    Oh my love. John Lennon. 

    Francesco© Photo. Texte.

    Femmes.

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