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Dans ton regard je suis.
Dans ton regard
je suis.
C'est là que j'ai caché mon bleu d'outremer.
C'est là que j'ai caché le rouge de ma lune immense.
C'est là que j'ai caché le blanc brûlant des terrasses de ma Tunis.
C'est là que j'ai caché toutes mes couleurs.
C'est là que j'ai caché l'odeur des fourmis et de la terre.
C'est là que j'ai caché des bouquets de mots de cultures différentes.
C'est là que j'ai caché les voix de mes camarades de jeu, Arabes, Européens, Juifs.
C'est là que j'ai caché tout ce que j'ai perdu.
C'est là que j'ai caché ma force et mes fragilités.
Dans ton regard
je suis,
et je cache les rêves de tous les enfants qui n'ont plus rien,
pour qu'ils puissent demain, devenir des femmes et des hommes libres
avec le courage "d'être", encore, malgré tout, des enfants. Toute la vie.
You win again. Keith Richards
Edited by Francesco Pagni© Texte. Photo Aline Perrin. Tunis.
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Commentaires
"Il faut regarder toute la vie avec des yeux d'enfant" Henri Matisse.
"Je suis cet enfant" dis-tu, tu es cet enfant... tous les enfants chassés de leur terre natale, coupés de leurs racines, exclus de leur environnement, et ton texte magnifique exprime ce que Boris Cyrulnik appelle "résilience"... parce que tout ce que tu as emporté dans l'exil, caché au fond de ton coeur, au fond de tes yeux, a fait résurgence plus tard, dans tout ce que tu as écrit, peint et sculpté, dans toute ta façon d'être et d'appréhender les autres... Tu es, oui, et tu ne cesses de le clamer fort, de le chuchoter, de le peindre, de l'écrire... (and you win again) tu gagnes sur l'inhumain, sur le cruel, sur le laid, le vulgaire... tu gagnes le Beau toujours, "encore", "malgré tout"...
(et moi je dis : parce que j'ai des enfants je ne peux pas rester indifférente à la souffrance des enfants, de tous les enfants du monde, de tous les âges... tous les enfants qui souffrent sont aussi mes enfants... oui, je suis eux aussi, je suis solidaire)
et je fais un gros bisou à ce petit, tout petit, au regard si plein de vie, au sourire si craquant...
Un viaggio nel mondo bambino, di come vedeva le cose. Bellissime, banale scrivertelo, ma è la verità.
Un grande saluto, Pat
J'ai vécu toute mon enfance avec des enfants de toutes origines : Quelle richesse, quels plaisirs !
Puissions nous toujours garder notre regard d'enfant... Très beau poème Francesco MerciHeureux l'adulte qui porte en lui cet enfant !...
Cette image terrible d'un enfant bercé par la mer... Mon cœur de mère se serre et crie sa révolte. Un enfant qui disparaît, c'est un grand vide à jamais dans l'humanité.
12AlezandroSamedi 5 Septembre 2015 à 12:02En résonance douloureuse avec "l'actualité", une actualité qui déclenche des haines effrayantes ... et des mots à la fois doux (douceur de l'amour, de la nostalgie, de l'espoir, des possibles) et déchirés/déchirants. Merci.
j'espère qu'il a le souvenir de ce sourire heureux...
Francesco, merci pour ce très beau texte,
Bises
l'enfance, disait je ne sais plus qui, on 'en guérit jamais.....on la porte toujours en nous et elle peut nous combler ou nous désespérer
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L'insouciance de l'enfance. Les jours heureux ... ou la couleur de la peau ou la religion de nos copains et copines n'avaient pas d'importance ... Bonne fin de soirée, bises Véronique